L'AMOL'R et LA DOCTRINE de l'aspiration 151
vons en effet les formes les plus belles de ses émotions d'amour transfigurées, et ses ardeurs devant les beautés de l'art. Il utilise d'abord les données de sa vie personnelle. Ses souvenirs s'enroulent autour de sa pensée, et, sans diminuer sa lucidité, ils apportent de l'ardeur et de la noblesse. Nous savons, en eiïet, que l'enfance du poète fut endolorie par une première déception d'amour. Du moins il a gardé, au fond de lui, l'inviolable ardeur de cette passion mal éteinte. Son aspiration, qui cesse d'être le vague besoin du bonbeur, donne à la doctrine un accent vif. Son désir d'affection héroïque trouve un symbole éclatant dans cette Héatrix lointaine et toujours présente. Certes sa voix tremble encore en parlant de ramante, et le soupir de son amour s'exalte dans l'amertume d'une privation qu'il saitéternelle :
Ni' jamais la voir ni l'entendre, Ni' jamais tout haut la nommer, .Mais. Adèle, toujours l'attendre,
Toujours l'aimer. Ouvrir les bras et, las d'attendre,
mii h' néant les refermer, Mais encor, toujours les lui tendre. Toujours l'aimer.
Ali! ne pouvoir que les lui tendre, Et dans les pleurs se consumer,
Mais ces pleurs, toujours les répandre, Toujours l'aimer.
(/.es Solitudes. Soupir.)