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LA MÉLANCOLIE ET L'ESPRIT D'ANALYSE 129

Sully Prudhomme, qui fut d'abord aussi accablée, pardonne et fait des vœux pour le bonheur de l'ingrate enfant. Elle se nuance de tendresse et d'héroïsme : c'est la mélancolie cornélienne, celle de Guriace devant l'àpreté de son destin, et celle de Sévère devant le bonheur de Pauline.

Enfin il a décrit la mort lente des cœurs délais- sés qui est plus poignante que l'eiTondrement brusque de l'espoir. Il a défini l'amertume des amitiés qui se délient, la fadeur des souvenirs qui se fanent, la mélancolie de l'amour finissant qui ressemble à ces murmures d'automne où chante la plainte de la vie qui s'en va. Le déchirement lent et la meurtrissure invisible de ces « Déclins d'Amour » donnent au rythme des « Solitudes » l'accent pathétique d'une voix accablée qui n'achève pas la plainte :

Que ce tressaillement raie et long me tourmente!

Pourquoi m'oublier peu à peu ? Secoue en une fois, cruel, sur ton amante

Tous tes baisers d'adieu !

Ces tristesses et ces abandons amèneront le porte à lapins désolée des conceptions de l'amour. Il estimera que l'âme humaine vit dans une soli- Unli' inaccessible, et que notre fond d'àme est à

9UI.LV PRUDHOMME.