Page:Zyromski - Sully Prudhomme, 1907.djvu/141

Cette page n’a pas encore été corrigée

LA MÉLANCOLIE LT L'ESPRIT D'ANALYSE 127

Il a d'abord chanté la première forme de la mélancolie, celle de l'enfant qui s'attriste dans la solitude du collège, et nous évoquons un petit Sully, élève du lycée Condorcet, enfant rêveur et fragile.

Il a chanté la mélancolie de la passion mécon- nue, et il a versé des larmes en pensant à celle qui passait, oublieuse, devant sa porte :

Ali! si vous saviez comme on pleure

De vivre seul el sans foyer...

Il a chanté la détresse de l'abandon, et il a exprimé son désespoir avec un accent de douleur où tremble encore une invincible tendresse :

Si je pouvais aller lui dire : Elle est à vous, et ne m'inspire Plus rien, même plus d'amitié;

Je n'en ni plus pour cette ingrate; Mars elle esl pale, délicate : Ayez soin d'elle par pitié.

Écoutez-moi sans jalousie,

Car l'aile de sa fantaisie

Va fait, bêlas ! que m'ef fleurer;

.le sais comment sa main repousse,

Mais pour ceux qu'elle aime elle est douce :

Ne la faites jamais pleurer.

(Stunccs et Poèmes.)