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124 SULLY PRUDHOMME

d'un élégiaque qui analyse ses souffrances et les rattache à la souffrance universelle, puis refuge d'un penseur qui médite, avec la collaboration des plus sages, sur l'évolution de la nature et de l'humanité. Nous saisissons, avec le rythme de sa vie morale, l'architecture même de son œuvre, et nous comprenons ce passage du pessimisme à l'op- timisme, de la plainte à la compréhension, de la mélancolie personnelle qui se contracte et s'épuise à la méditation philosophique qui plane sur les sommets de la vie et de la pensée. Ajoutons que la vue de l'homme confirmait les conclusions apportées par l'œuvre. Un jeune poète, doué de très beaux dons, Pierre Fons, décrivait ainsi le solitaire de Châtenay : « Une indéfinissable inquiétude et une large sérénité l'enveloppent. » Nobles paroles, qui traduisent excellemment le double aspect de ce paysage intérieur où la mélan- colie se prolonge en sérénité.