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118 SULLY PRUDHOMME

la raison parce qu'ils sont les armes de l'incrédu- lité et ne respecte que les intuitions du cœur qui sont les lumières de la foi. Il a senti l'âpreté du pessimisme de Pascal qui bafoue la morale humaine, la justice humaine, toutes les institu- tions sociales. Il a entendu le bruit de ravage et de chute qui sort des Pensées, livre effrayant qui ne laisse rien debout que l'édifice de la foi, de sorte que si la foi en nous s'écroule, nous ne trou- vons autour de nous que des ruines accumulées par le dédain de ce génie le plus sombre qui fût jamais. Il a senti enfin l'âme de Pascal, la puis- sance de cette âme éprise d'unité et d'absolu, l'angoisse de cette âme qui voit dans toutes les formes de la vie des oppositions formidables. Il a compris que Pascal ne trouve la paix que dans les moments où il voit Dieu, car l'ivresse mys- tique est Tunique apaisement de son effroi devant tant de contrastes dans la nature et dans l'âme des hommes.

Mais il a compris aussi que cette âme de feu a connu les heures tranquilles pendant lesquelles son regard n'est plus enfiévré par le délire de l'absolu, mais se pose sur les hommes avec la douceur de la pitié. Le pathétique de Pascal est