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LE PAYSAGE INTERIEUR 113

En Marc-Aurèle la pensée stoïcienne du déter- minisme des phénomènes s'associait au sentiment de la beauté des choses. La nécessité se parait de beauté : la beauté était l'expression de cette néces- sité même. Il a écrit sur l'harmonie des formes de la nature une page dont la poésie moderne ne surpassera pas la puissance d'émotion : « Quand les olives tombent de l'arbre et sont près de pourrir, elles ont une sorte de beauté propre... Il suffit de sentir et de comprendre profondément la vie de l'univers pour trouver en presque tous les phénomènes qui la manifestent et même qui l'accompagnent un accord qui a bien son charme... Xous pourrons, avec l'œil du sage reconnaître dans la vieille femme et dans le vieillard, comme la grâce dans l'adolescent, la beauté de ce qui est arrivé à son achèvement. Il y a beaucoup d'autres faits semblables que comprendra seul celui qui 6e sera vraiment familiarisé avec la nature. » Sully Prudhomme pensera aussi que la beauté est la plénitude dans l'expression de la loi. Même aux approches de la mort, le vivant a une beauté singulière. La jeunesse a son éclat qui traduit l'épanouissement de ses forces. Mais un être qui achève sa course et va succomber a de l'harmonie

SULLY PRUDHOMME.