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112 SULLY PRUDHOMME

sance : « Tout ce qui est avec toi en harmonie, ô monde, est aussi en harmonie avec moi. Rien de ce qui est opportun pour toi n'est pour moi préma- turé ni tardif. Tout ce qu'apportent tes saisons est pour moi un fruit, ô nature. Tout vient de toi, tout est en toi, tout rentre en toi. Le poète dit : O cité chérie, cité de Cecrops! Et toi, ne diras-tu pas : « O cité chérie, cité de Zeus? » Prière ardente et lucide qui est le chant d'une méthode fondée sur l'observation et le respect de la vérité! Ce chant ne précède pas le savoir et ne remplace pas le savoir. Il sort du savoir même, comme la fleur sort de la tige d'une plante dans l'épanouissement de la sève printanière. Ainsi Sully Prudhomme ter- minera son enquête douloureuse à travers l'évolu- tion des forces par cet aveu de confiance et d'amour:

Oui, nature, ici-bas mon appui, mon asile, C'est ta ferme raison qui met tout en son lieu; J'y crois, et nul croyant plus ferme et plus docile Ne s'étendit jamais sous le char de son Dieu.

Fais-moi crier longtemps, fais-moi crier encore, S'il te faut ces cris-là pour ébranler aux deux Quelque rayon vibrant d'une étoile sonore Dans un chœur sidéral invisible à mes yeux.

Ne mesurant jamais sur ma fortune infime Ni le bien, ni le mal, dans mon étroit sentier J'irai calme, et je voue, atome dans l'abîme, Mon humble part de force à ton chef-d'œuvre entier.

(Les DestinSi)