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LE PAYSAGE INTÉRIEUR 99

Le lis, avec son air noble et impeccable et son éclat blanc, représente la forme idéale :

Plein d'une angoisse de banni A travers la More innombrable l»es campagnes de l'Infini Je poursuis ce lis adorable.

(Les Vaines Tendresses.)

Devant le lis, comme devant le velours sombre de la « pensée », le poète, qui médite longuement, contemple une métamorphose brillante de l'éner- gie vitale. Rarement, en effet, il décrit la fleur pour sa beauté; presque toujours il signale les révélations qu'elle apporte de l'ordre universel et de la puissance de la loi. Ainsi les formes les plus pittoresques semblent servir à la méditation d'un penseur. Relisons à ce propos La Révolte des Fleurs. Un jour les fleurs se sentent délaissées par les hommes. La rose s'ennuie et les fleurs se refusent à prêter à l'humanité ingrate leurs cou- leurs et leurs parfums. La campagne devient lugubre et monotone, et une tristesse morne pèse sur les cités :

Et sur l'bnma'nité le spleen muet et hlème Comme un linceul immense étendit son brouillard.