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LE PAYSAGE INTÉRIEUR 93

commentaires le souci de notre originalité et à nous faire suivre, dans notre voyage critique, par le bagage de nos idéologies personnelles. Il s'agit de sentir et de décrire les formes essentielles qui vivent dans ce monde intérieur où se sont dépo- sées lentement et spontanément les énergies poé- tiques, les forces vives qui font jaillir les sources. Si cette méthode est légitime, elle doit être approuvée par Sully Prudhomme, car ce poète conscient, qui surveille avec minutie ses démar- ches, mêle toujours l'analyse à l'émotion, et achève dans la méditation les mouvements et les ardeurs du rêve. Donc nous devons trouver dans son œuvre non seulement les aveux involontaires qui échappent à Lamartine, mais une théorie liée. Or Sully Prudhomme garantit, par sa doc- trine, la légitimité de notre attitude. Dans son premier volume, Stances et Poèmes (1865), il parle d'un « temple étoile » qu'il a édifié dans les avenues de son imagination, pour placer les statues de ses héros intellectuels. Dans son der- nier poème, Le Bonheur (1888), il décrit « le Ciel intérieur» qui se déploie dans sa conscience. Dans son testament philosophique intitulé V"' ^"is-je? il nous apprend qu'il porte au fond de lui un