Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rapport que les premières productions de Wagner, Rienzi et Tannhäuser vis-à-vis du Ring et de Parsifal. L’intuition d’autrefois s’est faite conscience créatrice. De même que pour Wagner, il se trouve des gens encore aujourd’hui qui préfèrent ses œuvres de jeunesse, à cause qu’elles respectent encore les formes de la tradition. Or, les admirateurs de ce genre sont encore plus étrangers au poète que ses adversaires artistiques, qui ont pris position contre lui par principe.

Les Flamandes, le premier volume de Verhaeren, parut en un temps de trouble littéraire. On discutait au sujet des romans réalistes de Zola, qui révolutionnaient l’Europe comme la France. En Belgique, ce fut Camille Lemonnier qui importa ce naturalisme nouveau, lequel s’attachait bien plus à la vérité absolue qu’à la beauté et assignait la photographie, la reproduction exacte et scientifique de la nature pour seul but à l’écrivain. Maintenant que nous avons doublé le cap de ce naturalisme excessif, nous savons que cette théorie ne vaut que pour la moitié du chemin ; la beauté ne peut pas exister en dehors de la vérité, mais la vérité et l’art ne sont pas identiques. Il faut opérer une