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seulement les conserver à la foi catholique, mais encore les gagner au sacerdoce. Les murs de ce couvent s’élevaient pour les protéger contre l’ouragan dévastateur qui, en Flandre comme partout, faisait de plus en plus de ravages parmi la jeunesse.

Mais rien ne prévalut contre la destinée de ceux-ci. Verhaeren en fut l’exemple le plus probant. Élevé au sein d’une famille des plus croyantes, il paraissait devoir être plus particulièrement voué à la prêtrise. Sa conviction n’était pas la résultante d’un travail rationnel : elle était sa vie même. Tout son être ne respirait que sacrifice et il avait la vocation du prêcheur enthousiaste. Mais voici qu’en son âme se fit entendre la grande voix de la patrie qui depuis son enfance l’appelait à la liberté ; dans son sang même, c’était la vie qui lui criait de ne pas consentir à un précoce renoncement. Son esprit se rebellait à la pensée des limites qu’on lui imposait, de cette acceptation passive du passé. Plus puissantes que les impressions scolastiques furent les impressions de son enfance. En effet, c’est en pleine campagne que Verhaeren est né, le 21 mai 1855, à Saint-Amand-sur-Escaut, où les regards découvrent les magnifiques hori-