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sive surabondance. Et la vie a triomphé avec eux. Par toutes les villes et toutes les campagnes ruissellent encore aujourd’hui la santé, la robustesse et la fécondité. Les pauvres eux-mêmes n’y ont pas de visages caves et de membres décharnés. Dans les rues, les enfants qui s’amusent ont de bonnes joues rouges. Les paysans sont droits et solides au travail. Les ouvriers sont musclés et vigoureux comme les bronzes de Constantin Meunier. La plupart des femmes sont des mères fécondes qui témoignent de la puissance génitrice de la race. L’âge ne terrasse pas la force des vieillards, dont la résistance vitale se prolonge et s’affirme. C’est à cinquante ans que Constantin Meunier s’est mis à produire, et c’est vers la soixantaine que des artistes comme Lemonnier et Verhaeren sont parvenus au maximum de leur faculté créatrice. L’activité de cette race semble dévorante. Le sentiment le plus profond en a été buriné par Verhaeren en quelques fières strophes, qui, en même temps, glorifient toute la race indo-européenne.

Je suis le fils de cette race
Dont les cerveaux plus que les dents
Sont solides et sont ardents
Et sont voraces.