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des plus capables qui soit en Europe. Le voisinage de tant de cultures étrangères, le contact avec tant de nations si diverses l’ont fécondée. Le travail sain des champs a fait les corps robustes ; la proximité de la mer a ouvert les regards sur l’horizon. Il y a peu de temps que cette race a pris conscience d’elle-même, un siècle à peine, depuis qu’elle a proclamé l’indépendance de sa patrie. Aussi jeune que l’Amérique, cette nation est encore adolescente, joyeuse de sa force neuve. Comme en Amérique, le mélange des peuples et la fertilité d’une terre saine ont ici engendré une belle et puissante race. En Belgique la vitalité est magnifique. Nulle part ailleurs, en Europe, la vie n’est aussi intensément, aussi allégrement vécue. Nulle part comme en Flandre, l’excès dans la sensualité et le plaisir n’est en fonction de la force. C’est dans leur vie sensuelle qu’il faut voir les Flamands, dans l’avidité qu’ils y apportent, dans la joie consciente qu’ils y éprouvent, dans l’endurance dont ils font preuve. C’est dans des orgies que Jordaens trouva les modèles de ses tableaux : dans chaque kermesse aujourd’hui, dans chaque repas de funérailles on les retrouverait encore. La statistique nous apprend que, pour la consom-