avoir sillonné les mers, revient à demi brisé vers la Flandre, ainsi Verhaeren atterrit de nouveau dans le port où il avait appareillé. Il a célébré la Flandre, non pas en poète régional, mais en poète national. Il a relié l’avenir et le passé au présent : il a chanté la Flandre et l’univers, non pas en des poésies séparées, mais en un poème unique. « Verhaeren élargit de son propre souffle l’horizon de la petite patrie, et, comme le fit Balzac de son ingrate et douce Touraine, il annexe aux plaines flamandes le beau royaume humain de son idéalité et de son art[1]. » Il est revenu à la race, à la nature aux forces éternelles de santé et de vie.
Maintenant il vit au Caillou-qui-bique, petit hameau wallon. Trois ou quatre maisons se dressent dans ce petit village, loin du chemin de fer : la forêt les entoure, et pourtant les champs sont tout proches. La plus petite, qui n’a que quelques pièces, avec un jardin paisible, est celle du poète. Là s’écoule son existence, dans un calme propice à l’éclosion des grandes œuvres : il s’entretient seul à seul avec la nature, et ce sont des dialogues que ne trouble
- ↑ Note biographique de Francis Vielé-Griffin préfaçant l’Émile Verhaeren d’Albert Mockel.