Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/323

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les fleurs pâles de l’automne se marieront aux fleurs éclatantes,

....à votre ronde ardente et douce
Tournant, dans l’ombre et le soleil, sur les pelouses,
Tel un suprême, immense et souverain espoir, —
Les pas et les adieux de mes « heures de soir ».[1]

J’aime beaucoup ces courts poèmes de tendresse de Verhaeren : j’y goûte un charme différent, mais non moindre, que dans ses œuvres plus fortes et plus élevées. Et j’ai peine à comprendre pourquoi ses poésies ne se sont pas répandues davantage, celles-là tout au moins, car je conçois que certains esprits, par respect pour les traditions, par peur de la nouveauté, aient été choqués par la lecture de ses grands ouvrages. Depuis la Bonne Chanson, de Verlaine, cette mélodie si douce et si vibrante, depuis les lettres de Browning, jamais le bonheur conjugal ne fut chanté comme en ces strophes. Jamais l’amour spiritualisé n’a atteint à cette pureté, à cette noblesse si franche, si morale, dans la plus haute acception de ce mot. J’ai une prédilection particulière pour ces « poèmes francs et doux », car ici, derrière l’homme

  1. « Heures du matin clair » (Heures d’après-midi).