ferventes pour que l’appel du désir pût couvrir les autres voix qui s’élèvent en lui.
Le rôle secondaire que joue l’amour dans l’œuvre de Verhaeren n’est pas une lacune à mes yeux, et ne dénote aucune faiblesse dans son tempérament lyrique. Si je ne craignais de paraître paradoxal, je dirais que l’absence de cet élément poétique accuse une personnalité plus vigoureuse. L’inspiration de Verhaeren est trop virile pour que la femme s’imposât, à son imagination, comme un problème fondamental. L’homme vraiment fort voit dans l’amour un phénomène naturel, qui ne saurait être un obstacle et ne peut être la cause d’un conflit vital. Or, un phénomène naturel ne devient jamais un problème pour l’artiste. L’amour n’a pas troublé la jeunesse de Verhaeren : il n’y attachait pas assez d’importance, ses préoccupations poétiques la portant alors, non pas vers la réalité de la femme, mais vers la conquête suprême, vers une conception du monde, encore incertaine et éloignée. L’homme véritable, tel que le conçoit Verhaeren, ne gaspille pas ses énergies dans l’amour. Il est avant tout porté vers la métaphysique, avide d’acquérir des connaissances, de découvrir la statique du monde. « Ève