débordement d’enthousiasme, un enivrement de soi-même ; l’extase suprême du sentiment vital domine à présent les effervescences isolées d’autrefois, elle s’élève aujourd’hui fière et forte, elle semble un être vivant qui tiendrait dans ses mains une torche dont la flamme se dresse, dans un mouvement joyeux et triomphal, vers l’avenir, « vers la joie ».
Nous touchons ici au terme de l’évolution éthique de Verhaeren. Et sans doute aucune exaltation, aucune connaissance nouvelle ne pourrait transformer ni anoblir cette forme suprême de beauté. Dans cette conception finale, se révèle une richesse extraordinaire de forces et toute l’inspiration d’un de nos écrivains les plus hardis et les plus admirables. La force lui apparaissait jadis comme le véritable sens du monde : une connaissance plus approfondie lui enseigne que c’est la bonté, l’admiration. Il voit dans cette dernière force — maintenant aussi intensément intérieure qu’elle s’appliquait jadis aux manifestations purement extérieures — non plus un instrument de conquête, mais un dévouement à l’humanité, à la nature, une humilité sans bornes. Cette connaissance ultime apparaît comme un arc-en-ciel réconciliateur, qui efface