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extatique peut atteindre à un tel degré de grandeur.

Il faut aimer, pour découvrir avec génie.[1]

L’admiration et l’amour sont les forces les plus puissantes du monde. L’amour sera la forme dernière des relations futures, il sera le principe de tous les rapports terrestres, le fondement de l’entente sociale.

L’amour dont la puissance encore est inconnue,
Dans sa profondeur douce et sa charité nue,
Ira porter la joie égale aux résignés ;
Les sacs ventrus de l’or seront saignés
Un soir d’ardente et large équité rouge ;
Disparaîtront palais, banques, comptoirs et bouges ;
Tout sera simple et clair, quand l’orgueil sera mort,
Quand l’homme, au lieu de croire à l’égoïste effort,
Qui s’éterniserait, en une âme immortelle,
Dispensera vers tous sa vie accidentelle ;
Des paroles, qu’aucun livre ne fait prévoir,
Débrouilleront ce qui paraît complexe et noir ;
Le faible aura sa part dans l’existence entière,
Il aimera son sort — et la matière
Confessera peut-être, alors, ce qui fut Dieu.[2]

Cet idéal moral tout nouveau, Verhaeren l’a résumé en termes plus élevés, plus amples,

  1. « Un soir » (les Forces tumultueuses).
  2. « Le Forgeron » (les Villages illusoires).