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C’est l’heure où, dans des aurores embrasées, luiront les jours de l’avenir. Des milliers d’êtres travailleront, combattront, jusqu’à ce que vienne celui qui posera la pierre dernière de l’édifice, « le tranquille rebelle[1] », le Christ de cette nouvelle religion.

C’est que celui qu’on attendait n’est point venu,
Celui que la nature entière
Suscitera un jour, âme et rose trémière,
Sous les soleils puissants non encore connus ;
C’est que la race ardente et fine,
Dont il sera la fleur,
N’a point multiplié ses milliers de racines
Jusqu’au tréfonds des profondeurs.[2]

Cette évocation s’élève, ardente et fervente, dans l’œuvre de Verhaeren. L’humanité chemine sans relâche. Jadis l’univers était, pour elle, rempli de la divinité. « Jadis tout l’inconnu était peuplé de dieux[3]. » Puis un Dieu unique s’empara du droit et de la puissance. Mais, d’année en année, l’humanité a surpris les secrets de cet inconnu. Peu à peu elle a soumis le sort à ses lois, la foi à la connaissance, la peur au courage. La puissance divine tombe insensiblement

  1. « L’Attente » (les Visages de la Vie).
  2. Id. (idem).
  3. « La Folie » (les Forces tumultueuses).