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vie, ce sont tous ceux qui créent, qui travaillent. « Seul existe qui crée[1]. » Son hymne s’adresse également aux ouvriers qui, sans comprendre le but de leur travail, peinent chaque jour dans les mines : eux aussi, ils édifient des constructions sur la surface du sol ; ils élèvent des montagnes sur des étendues planes, ils projettent sur la mer les feux des phares, ils construisent des machines et les grands télescopes qui servent à l’étude des astres ; tous forgent l’outillage de la connaissance et préparent l’ère nouvelle.

Les marchands aussi, qui lancent leurs navires sur les eaux, qui relient les régions les plus éloignées, tissent la trame de la grande unité. Les commerçants qui dispersent l’or, qui activent la circulation artérielle du monde, prennent part également à la lutte contre les ténèbres. Leur entente fait la force de l’humanité et prépare l’heure proche, inévitable. Car

Il viendra l’instant, où tant d’efforts savants et ingénus,
Tant de génie et de cerveaux tendus vers l’inconnu,
Quand même, auront bâti sur des bases profondes
Et jaillissant au ciel, la synthèse du monde ! [2]

  1. « La Mort » (la Multiple Splendeur).
  2. « La Recherche » (les Villes tentaculaires).