Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Partons quand même, avec notre âme inassouvie,
Puisque la force et que la vie
Sont au delà des vérités et des erreurs.[1]

Si certaines réalités nous demeurent éternellement intangibles, « plutôt que d’en peupler les coins par des chimères, nous préférons ne point savoir[2] ». Plutôt un monde sans dieux qu’avec de faux dieux, plutôt une connaissance incomplète qu’une connaissance mensongère.

Ici d’ailleurs, où les héros de la science touchent aux limites du savoir humain, d’autres combattants se tiendront à leurs côtés et leur porteront secours. Ce sont les poètes, dont l’inspiration franchira les bornes assignées à la science. Ils devront découvrir la synthèse entre la science et la religion, entre les puissances terrestres et divines, cette synthèse nouvelle qui peut se résumer ainsi : la foi religieuse en la science. Leur optimisme forcera l’humanité à croire en elle, comme jadis elle croyait aux dieux, sans preuves : pour cette religion nouvelle, ils exigeront une foi semblable à celle que les Pères de l’Église réclamaient autrefois pour les croyances anciennes. Aux négations premières

  1. « L’Erreur » (les Forces tumultueuses).
  2. « La Ferveur » (la Multiple Splendeur).