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plus stérile et plus douloureuse : obstacle qui comprime le sentiment vital. Cet élément, qui s’oppose au développement de l’humanité, c’est, pour Verhaeren, la domination de la nature, les mystères de l’intervention divine, la sujétion de l’homme à la fatalité, bref cette divinité étrangère. Dès que l’humanité ne dépendra que d’elle-même et de ses propres forces, elle goûtera pleinement toutes les joies de la nature.

La lutte de l’homme pour parvenir à la divinité, pour conquérir son indépendance et s’affranchir du hasard et du surnaturel, voilà la grande conception métaphysique qui se dégage de l’œuvre de Verhaeren. Ses derniers ouvrages n’ont d’autre objet que ce combat suprême livré par l’humanité pour se libérer de toutes les entraves forgées par la nature et qui s’opposent à son effort vers les éléments premiers des choses. Combat héroïque et décisif.

Rien n’est plus haut, malgré l’angoisse et le tourment,
Que la bataille avec l’énigme et les ténèbres.[1]

C’est la lutte contre l’obscurité, contre l’inconnu, contre les cieux, contre les lois qui stérilisent les énergies. Et, depuis mille ans, l’humanité

  1. « Les Cultes » (les Forces tumultueuses).