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moment de conscience ». Verhaeren est revenu à la conception d’une connexité universelle : il ne voit plus, dans la nature et dans l’humanité, d’apparences qui ne soient des symboles de l’instinct primordial de la vie, qui ne puissent stimuler et développer sa vitalité.

Ce sentiment détermine toutes ses impressions, et cette unité de ses sensations le porte à une harmonie analogue dans sa conception du monde. À l’unité de l’enthousiasme, correspond l’unité de l’univers, le sentiment moniste. Toute sensation nouvelle l’anime, l’élève, accroît son sentiment vital, de même toutes les manifestations, tous les actes doivent aboutir à une synthèse. Les diverses forces en présence créent une force unique : les lois multiples du monde se résument en une seule loi.

Toute la vie, avec ses lois, avec ses formes,
— Multiples doigts noueux de quelque main énorme —
S’entr’ouvre et se referme en un poing : l’unité.[1]

Au reste, cette énergie humaine, qui éclate dans toutes les formes de l’activité, n’est qu’une lutte générale contre un élément extérieur, contre un obstacle qui rend la vie plus difficile,

  1. « La Conquête » (les Forces tumultueuses).