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connexité plus étroite. S’il traite un sujet qu’il avait abordé déjà dans ses ouvrages antérieurs, et qu’on compare, à son inspiration première, la forme définitive de sa pensée, on est frappé des progrès qu’atteste l’évolution des dernières années. Ainsi le vent lui avait inspiré un de ses premiers lieds : c’était alors un ouragan funeste, qui renversait les chaumières, ébranlait les cheminées, s’engouffrait violemment dans les maisons, et dévastait les champs, au souffle glacé de l’hiver. Force aveugle, splendide, mais inutile ; accident inexplicable, phénomène isolé de la nature. Maintenant le poète aperçoit, dans sa vision mondiale, le voyageur cheminant à travers l’éternité : le vent pousse les navires sur les mers ; il a traversé tous les pays ; il s’est imprégné du parfum des fleurs lointaines, qu’il nous apporte ; il pénètre en nous, comme une épice, nous ranimant et nous vivifiant. Le poète aime en lui une de ces forces qui contribuent à accroître le sentiment vital.

Si j’aime, admire et chante avec folie,
Le vent,
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C’est qu’il grandit mon être entier et c’est qu’avant