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les rivages, les héros et les grands hommes du pays.

Mais bientôt Verhaeren poursuit son chemin à travers le monde terrestre : il traverse de nouveau les villes bruyantes, les champs fertiles qui bordent la mer, et les paysages qui se déroulent dans les Flamandes, les Moines, les Villes tentaculaires, les Campagnes hallucinées. Ainsi la spirale revient à son point de départ, si l’on s’en tient à la définition que Gœthe donne de l’évolution, mais c’est sur un plan supérieur, dans un cercle plus étroit, plus élevé, plus proche de la limite idéale et finale.

Verhaeren embrasse de nouveau le monde moderne, mais son regard, au delà des apparences, pénètre les causes. L’univers ne lui donnait auparavant qu’un ensemble de perceptions sensibles, qu’il transvaluait en données éthiques : il s’offre maintenant à lui, dans sa signification métaphysique, dont il dégage toute la valeur morale.

Ce n’est plus une vision fragmentaire où le poète rassemble, comme en un jeu de cartes, les images et les évocations qu’enfantent son imagination : c’est une chaîne vivante reliant tous les anneaux épars. Les apparences ne se pré-