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et s’affermit bientôt, se dégageant brusquement de toute entrave.

Nous le voyons ensuite, dans le plein épanouissement de son évolution littéraire et de sa perception du monde : il se crée une forme propre, l’univers se révèle à lui dans l’harmonieuse correspondance de ses lois internes et de ses apparences sensibles. Élève autrefois, le voici maître de la matière, capable de découvrir et d’enseigner les énergies latentes de l’univers, les principes des forces vives, et l’immatérielle éternité de la matière changeante. De la contemplation passive, il s’est haussé jusqu’à la création artistique et passionnée. La fin de l’art n’est-elle pas de nous dévoiler les lois du monde, de convertir en forces conscientes les forces inconscientes ? De la réalité, l’art s’élève aux sphères suprasensibles, à la foi, à la religion. Comme tous les poètes auxquels la vie s’est révélée dans son organique splendeur, Verhaeren, dans son propre développement, suit les stades qui marquent l’évolution ascensionnelle de l’humanité.