conscient se traduisant, non pas en un poème, mais en une œuvre lyrique complète. L’art de Verhaeren, le travail de sa vie ne sauraient s’expliquer par un sentiment quelconque, non plus que par un simple enthousiasme. Une telle conception a ses lois tout comme une pièce de théâtre, et ces lois ont leur principe dans les forces vives de l’intelligence, dans cet instinct d’acquisition et de distribution rationnelle des connaissances, et surtout dans ce besoin d’unité qui n’admet aucune lacune, aucune incertitude. Dans l’œuvre de Verhaeren s’affirme une volonté lyrique d’une puissance admirable. Il n’a pas exploité une formule esthétique toute faite : ses veines étaient gonflées d’un lourd sang germanique, et, de même que l’adresse physique lui manquait, lui faisait défaut fort heureusement cette facilité de l’artiste qui s’élève rapidement à un niveau moyen. Son œuvre, sa forme, son rythme, sa conception du monde, sa philosophie et son éthique, tout en lui atteste le travail, la création pénible d’une passion ardente et d’une volonté tenace ; mais la vie s’y manifeste aussi, dans toute sa puissance organique. Car Verhaeren est de ceux qui apprennent lentement et sûrement, non point avec l’expérience des autres,
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