admirable ouvrage sur Rembrandt, où, s’abandonnant à des souvenirs personnels, il nous révèle la force des liens qui attachent l’artiste au milieu dans lequel il se développe. Et plus d’un de ses poèmes n’est qu’une formule esthétique immatérialisée. L’origine du langage, le phénomène social de l’émigration, l’antagonisme économique de l’agriculture et de l’industrialisme, voilà des questions qui ne semblent se prêter qu’à des études réfléchies, méthodiques et synthétiques. Mais Verhaeren, et c’est le trait dominant de sa nature, ne peut traiter avec calme un sujet : consciemment ou non, il s’enthousiasmera, et son émotion l’arrachera à la banalité des contingences. Poésie, philosophie, art, tout pour lui devient une source de poésie. D’ailleurs, tous les grands poètes d’aujourd’hui, Walt Whitman, Dehmel, Carducci, Rilke, Stefan George, quand ils sont parvenus à un certain développement artistique, n’admettent plus, pour leur inspiration, d’autre forme que le lyrisme. Le lyrisme, adopté comme formule esthétique, ne se développe que par l’abandon de tout autre forme poétique.
De l’œuvre de Verhaeren se dégage un lyrisme universel, un enthousiasme débordant,