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J’aurais voulu prier toute ma vie,
À l’aube, au soir, la nuit, le jour,
Les mains jointes, les deux yeux ravis
Par la tragique image
Du Christ saignant vers moi tout son pardon.[1]

La crise de l’adolescence emporta tout ce catholicisme. Devant la contemplation et l’admiration de tant de nouveautés, la religiosité s’effaça. Devant la vie, le sentiment extatique disparut. Maintenant, Verhaeren est revenu aux spéculations de la métaphysique. Le désir ancien renaît en lui. Pourtant les dieux d’autrefois sont morts : Pan et le Christ. Alors il sent le besoin de trouver dans cette identité du moi avec l’univers une certitude nouvelle, un Dieu nouveau. Les conflits récents l’obligent à souhaiter un nouvel équilibre : la violence de ses sentiments religieux lui fait un besoin de la croyance. Contre toutes les réalités, il veut élever, pour y croire, toutes les possibilités. Pour qu’il puisse se donner à toutes les choses, à tout, il lui faut nécessairement une nouvelle connaissance. L’image du monde serait imparfaite, sans un Dieu qui la domine. La réalité n’est qu’un des aspects changeants de l’éternité, et tout le désir

  1. « Les Pâques » (les Tendresses premières).