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sera tout son devenir, passé et futur, de façon à ce qu’il possède également la présonnance et la résonance. Cette volonté d’atteindre au poème cosmique, les derniers volumes de Verhaeren, les plus parfaits, les manifestent tous : les Visages de la Vie, les Forces tumultueuses, la Multiple Splendeur, les Rythmes souverains, tous ces livres qui, rien que par leur titre, semblent vouloir d’un geste magnifique embrasser toute la voûte du ciel ! Ils sont comme les piliers d’une construction géante, les larges strophes du poème cosmique. Le dialogue ne s’y engage plus seulement avec l’époque contemporaine, mais avec tous les temps. Ces livres brûlent de s’élancer vers l’avenir et débordent de lyrisme. Ils vont jusqu’à embraser les domaines voisins, la philosophie et la religion, pour leur suggérer des possibilités nouvelles. Ce n’est pas par un simple besoin d’esthétique, que Verhaeren veut se mettre d’accord avec les réalités, et ce n’est pas par jeu poétique seulement qu’il s’efforce de se rendre maître des possibilités nouvelles : il y apporte un souci d’ordre moral et religieux. Ses derniers volumes, les plus importants, ne se bornent pas à envisager le monde dans ses manifestations isolées, ils tâchent à enclore la forme nou-