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on y suit l’effort continu d’une pensée qui se développe graduellement, une investigation passionnée qui aboutit à des découvertes originales. Ils sont pathétiques, et non harmoniques. Un orateur ne formule pas dès l’abord la conclusion de son discours : il la réserve pour la fin et, par des gradations prévues, la déduit logiquement des prémisses qu’il a posées. C’est ainsi que Verhaeren compose ses poèmes : c’est tout d’abord une inspiration calme, qui bientôt s’échauffe et s’épanouit dans des horizons enflammés, dans des visions larges et grandioses. Les métaphores parlent d’elles-mêmes : ce sont des éclairs rapides, et non des comparaisons laborieuses qu’on ne peut concevoir que par un effort d’imagination.

Il faut au poème pathétique des images qui non seulement révèlent les sentiments, mais qui en soient comme imprégnées. Seule, une métaphore hardie évoquera, d’un seul trait, l’impression fugitive. La poésie pathétique apparaît donc comme une nouvelle forme de la démonstration intuitive, comme un rythme original traduisant l’enchaînement logique des sentiments. Des visions ardentes éblouissent d’abord le lecteur dans les radieuses évocations du poète,