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Enfin, le désespoir de Faust est vaincu : des harmonies résonnent comme un matin de Pâques. À l’hymne de la Résurrection se mêle un cri de joie : « La terre m’a reconquis[1] ! » Verhaeren a consacré de nombreux symboles à cette délivrance, à cette ascension qui va de la maladie à la guérison, du non désespéré au oui bienheureux. Le plus magnifique est cet admirable poème où saint Georges se penche vers lui, avec sa lance lumineuse, et aussi cet autre où les quatre sœurs s’approchent de lui pour lui prédire la libération :

L’une est le bleu pardon, l’autre la bonté blanche,
La troisième l’amour pensif, la dernière le don
D’être, même pour les méchants, le sacrifice.[2]

La bonté et l’amour vont s’installer là où il n’y avait place autrefois que pour la haine et la désespérance. À leur approche, le poète sent palpiter en lui l’espoir de la guérison, l’espoir d’une force artistique naturelle.

Et quand elles auront, dans la maison,
Mis de l’ordre à mes torts, plié tous mes remords
Et refermé, sur mes péchés, toute cloison,

  1. Gœthe, Faust.
  2. « Les Saintes » (les Apparus dans mes chemins).