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DON GONZALO

Misérable !

DON JUAN

C’est dit : une femme seulement, comme celle-ci, manque à ma gageure ; ainsi donc le pari est ouvert sur elle.

(Don Diego, se levant de la table où il était resté caché pendant la scène précédente, descend vers le centre du Théâtre, de manière à être en face de Don Juan.)

DON DIEGO

Je ne puis t’écouter davantage, vil Don Juan, car je redoute pour toi quelque foudre du ciel toute prête à t’anéantir. Ah !… ne pouvant croire ce qu’on disait de toi, voulant espérer qu’on mentait, je suis venu ce soir pour te voir. Mais je te jure, scélérat, que je m’en repens, puisqu’il fallait partir convaincu de ce que j’ignorais encore. Suis donc avec une ardeur aveugle ta honteuse frénésie, mais ne reviens jamais vers moi : je ne te connais pas, Don Juan !

DON JUAN

Qui jamais est revenu vers toi ? Qui ose me parler ainsi ? Que m’importe à moi que tu me connaisses ou non ?

DON DIEGO

Adieu donc ; mais n’oublie pas qu’il y a un Dieu justicier !