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plaisir tient sa cour. De la guerre et de l’amour c’est l’antique et classique terre ; et l’Empereur s’y trouvait, en guerre avec elle et la France. Aussi me dis-je : « Où trouver mieux ? Où il y a soldats il y a jeu, querelles et amours ! » — Je gagnai donc aussitôt l’Italie, cherchant, coûte que coûte, amours et duels. À Rome, fidèle à mon pari, j’affichai sur ma porte ce défi demi-hostile et demi-amoureux : Don Juan Tenorio est ici pour quiconque souhaitera de lui quelque chose. De ces jours-là, je renonce à vous conter l’histoire ; je m’en remets au souvenir que je laissai là-bas, et de ma gloire vous pouvez juger par ce qu’on publie de moi. Les Romaines, capricieuses ; les mœurs, licencieuses ; moi, gaillard et tête folle… qui ferait le compte de mes entreprises amoureuses ? Je m’évadai finalement de Rome, comme vous pouvez vous le figurer, sous un déguisement suffisamment misérable et sur le dos d’une méchante rosse, parce qu’on voulait me pendre. — Je fus droit à l’armée espagnole ; mais c’était tous compatriotes, soldats en terre étrangère ; aussi quittai-je vite leur compagnie, après cinq ou six duels. — Naples, riche verger d’amour, foire de plaisir, vit mon second cartel : Ici est Don Juan Tenorio, et il n’est pas d’homme qui le vaille. Depuis la fière princesse jusqu’à la pêcheuse en sa pauvre barque, il n’est femelle qu’il n’accueille, et quelle que soit l’entreprise, il la prendra en main, si