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chève : les quatre premiers actes se passant en 5 heures de nuit, dans quatre endroits suffisamment distants, et Dieu sait à travers combien de complications, dénouées comme en un jeu par l’imperturbable sang-froid de Don Juan…

J’aimerais aussi à analyser ce quatrième acte, si vibrant de poésie et de passion dans la scène entre Don Juan et Inès, si frémissant d’émotion et de fierté dans celle où Don Juan abaisse pour la première fois son arrogance jusqu’à supplier à genoux le commandeur qui l’insulte… J’étudierais l’originalité de cette invasion de l’élément religieux et fantastique dans la seconde partie (la seule qui justifie le sous-titre), où le surnaturel se glisse dans la réalité sceptique, qui le nie, d’une aussi neuve façon… J’insisterais enfin sur le charme de cette langue, dont au surplus il sera peut-être permis de citer dans le texte l’un des plus exquis passages.

Don José Zorrilla y Moral (1817-1893), occupe une place à part parmi les dramatistes du théâtre espagnol de ce siècle, de cette école nouvelle qui eut la clairvoyance de reconnaître, dans l’abandon des traditions nationales, la décadence incroyable où l’art de la scène était tombé depuis les maîtres anciens, et plus que tout autre il sut retrouver la veine féconde et le bel enthousiasme de jadis. Plus que tout