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causes, dont la première est le regain de fierté castillane et de poésie romantique, d’action forte et de sentiments extrêmes, que la pièce de Zorrilla, d’ailleurs particulièrement lyrique, ramenait sur la scène comme un écho des anciens chefs-d’œuvre du grand siècle des Lope et des Calderon, trop longtemps méconnus.

Puis le caractère de ce Don Juan-là, plus complet, plus conséquent, plus moderne aussi, plus nerveux, et plus intéressant que les autres, dans sa lutte contre le surnaturel qui l’étreint peu à peu, mais respecte le courage de cette résistance même et le sauve, grâce à la sincérité de son dernier amour. — Enfin, certaine tradition curieuse, qui fait que ce « drame religioso-fantastique » est le seul joué, le Jour des Morts, par toute l’Espagne et attire à cette époque, et pendant plus d’une semaine, une affluence hors des proportions habituelles.

Ce n’est pas ici le lieu de faire la critique littéraire de cette pièce remarquable à tant de titres, et d’ailleurs un traducteur est toujours mal fondé à dire du bien de l’œuvre qu’il a entourée de ses préférences et qu’on l’accusera presque d’avoir vue de trop près pour la juger. Cependant, s’il m’était permis d’insister sur quelques points, je ferais remarquer, par exemple, l’effet haletant et de vie intense obtenu par le poète par la rapidité des événements, prodigieuse et pourtant logique, — et surtout si conforme au caractère du héros, qu’on peut dire qu’elle l’a-