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DON JUAN

Que si tu n’es pas le mort lui-même, tu seras comme lui au sortir d’ici. — Eh ! debout ! (À Centellas et à Avellanada.)

LA STATUE

Ne pense pas qu’ils se lèvent. Non, Don Juan ; ils ne reviendront pas à eux avant que je m’en aille. La divine clémence du Seigneur pour toi ne veut d’autre témoin que ton jugement et ta conscience. À la sacrilège invitation que tu m’as faite dans le Panthéon, Dieu, pour éclairer ta raison, me permet de répondre ; et je dois venir en son nom pour t’enseigner la vérité. La voici : il est une vie éternelle au delà de la vie de l’homme ; ils sont comptés, les jours que tu as à vivre, et tu vas mourir demain même, Don Juan. Mais, comme tu t’imagines que ce qui se passe devant tes yeux n’est qu’aberrations de ton esprit et fantaisies de ton effroi, Dieu, en sa sainte clémence, t’accorde encore un délai jusqu’au jour nouveau, pour mettre en ordre ta conscience. Et afin que tu connaisses mieux sa justice infinie, j’attends de ta valeur que tu me rendes ma visite. Iras-tu, Don Juan ?

DON JUAN

J’irai, oui ! Mais je veux me convaincre de l’inconsistance de ton être, avant que tu sortes d’ici. (Il saisit un pistolet.)