Page:Zorrilla - Don Juan Tenorio, trad. Curzon, 1899.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DON JUAN

Jamais devant un homme je n’ai courbé mon front altier, jamais je n’ai supplié ni mon père ni mon roi. Et puisque je conserve, à tes pieds, la posture où tu me vois, considère, Don Gonzalo quelle raison puissante je dois avoir.

DON GONZALO

Ta raison, c’est la peur de ma justice.

DON JUAN

Pour Dieu ! Entends-moi, commandeur, ou je ne saurai me contenir, et serai tel que je fus toujours, et que je ne veux pas être, à cette heure.

DON GONZALO

Vive Dieu !

DON JUAN

Commandeur, j’idolâtre, moi, Doña Inès, et suis persuadé que le ciel me l’a voulu octroyer pour guider mes pas vers le sentier du bien. Ce n’est pas la beauté que j’ai aimée en elle, ni ses grâces que j’ai adorées ; ce que j’adore en Doña Inès, Don Gonzalo, c’est la vertu. Ce que juges ni évêques n’ont pu faire de moi avec des prisons et des sermons, sa candeur l’a pu. Son amour m’a changé en un autre homme, a régénéré mon être, et elle, elle peut faire un ange