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ont l’idée fixe du gouvernementalisme ; ce sont les ultra-gouvernementaux du temps.

« Ils veulent que le gouvernement, pourvu qu’il soit démocratique, ose tout, fasse tout, tienne tout. La tyrannie qui leur paraît exécrable en haut, leur parait excellente en bas ; ils oublient que l’arbitraire ne change pas de nature en se déplaçant, et que si l’arbitraire des rois ou des aristocrates est insolent, l’arbitraire du peuple est odieux.

« Nous ne nous étonnons que d’une chose, c’est que ces fermes penseurs ne poussent pas leur principe d’ultra-gouvernement jusqu’à ses conséquences, et qu’ils ne suppriment pas la faculté de discussion, la liberté de penser et d’écrire. Cela serait logique, car, puisqu’ils veulent que le gouvernement démocratique possède, instruise[1], vende et achète pour les citoyens, pourquoi ne le chargeraient-ils pas aussi de parler, d’écrire ou de penser pour tout le monde ? L’unité serait plus complète et la servitude mieux assurée ! Nous venons de dire le mot, ce système serait la servitude. Voilà pourquoi il ne séduira pas longtemps les âmes élevées et mâles qui le formulent aujourd’hui. Ces hommes reculeront devant leur ouvrage quand, au lieu de la liberté et de l’organisation du travail, ils auront trouvé au fond de la

  1. C’est effectivement la pensée de ceux qui entendent réserver à l’Etat le monopole effectif de l’Enseignement et écarter des fonctions publiques ceux qui ne sortiraient pas des écoles de l’Etat.