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L’argument sera utilisé plus tard par M. Emile Ollivier pour démontrer la légitimité de la coalition. Voici comment M. de Vatimesnil va le combattre en 1849 :

« Lorsqu’il y a une coalition établie pour exercer une pression, soit de la part des chefs d’atelier contrôles ouvriers, soit de la part de ceux-ci contre les chefs d’atelier, la liberté de la concurrence et par conséquent la liberté constitutionnelle seront étouffées par cette coalition. Un tel fait ne saurait donc être toléré. Aussi conclure de la liberté que chacun a de négocier personnellement les conditions du travail à la faculté de former une coalition pour imposer à autrui ces conditions, c’est faire un raisonnement évidemment faux. C’est comme si du droit que chacun a de stationner sur la voie publique on tirait la conséquence qu’il peut se réunir à d’autres individus pour y former des attroupements. »

Cette théorie n’est pas la nôtre, Nous croyons que la coalition est un droit, mais rien ne nous permet de suspecter la parfaite sincérité dés hommes qui l’ont interdite. Ils avaient derrière eux comme garants de leur libéralisme presque tous les hommes de la première Révolution.

Au moment où les législateurs de la seconde République maintenaient la prohibition des coalitions ouvrières et patronales, ils discutaient et se préparaient à voter toutes ces lois de solidarité sociale, de prévoyance, ou de réglementation du travail qui attestent l’esprit de philanthropie éclairée dont ils étaient animés :