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que l’auteur combat ici ouvertement. Un professeur de droit, M. Tissier[1], conclut dans le même sens et n’hésite pas à dire :

« Si le Code civil, même apprécié au point de vue des seuls principes du pur individualisme, n’est pas une législation absolument égalitaire, à plus forte raison ne peut-il être considéré comme ayant un caractère démocratique par tous ceux, si nombreux aujourd’hui, qui reconnaissent à l’Etat, et par suite à la législation, un rôle d’intervention et de protection en faveur de toutes les personnes que leur état de faiblesse empêche d’exercer les droits a elle reconnus…

« Il s’agit aussi de prévoir les nombreux contrats dans lesquels une des parties n’est pas en état de débattre librement les conditions qui lui sont faites et est contrainte, si elle est livrée a ses seules forces, de subir ces conditions si injustes qu’elles puissent être.

Et l’auteur complète sa pensée en citant ces lignes d’un sociologue italien, Vivante[2] : « La libre concurrence, qui est la liberté appliquée à la lutte économique, en excitant toutes les énergies aurait dû produire, selon la doctrine des harmonies économiques, une richesse suffisante pour rendre heureuse toute la collectivité. Mais l’effet de la libre concurrence fut tout opposé. Son idéal était le bien-être pour tous ; son résultat fut la suppression de toute garantie pour les faibles. »

  1. Le Code civil et les classes ouvrières.
  2. Discours à la séance de rentrée de l’Université de Rome.