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corporations les jurandes et les maîtrises avaient multipliés pour l’asservir sous prétexte de le protéger. Cette protection, les Révolutionnaires semblent l’ignorer, la redouter ou la confondre avec la servitude. Ils refusent môme au citoyen en général, aux salariés comme aux patrons, le droit de se grouper, de s’associer en vue de défendre leurs « prétendus intérêts communs ». L’individu reste isolé ; il doit comme employé « dresser ses plaintes individuellement » et formuler ses demandes, seul en présence de l’employeur !

L’œuvre de là Révolution est donc doublé et elle nous apparaît comme contradictoire. Elle affranchit l’individu, le salarié, et brise la corporation. C’est la liberté absolue de la personnalité humaine qu’elle proclame et édicté comme un dogme social aussi bien que comme une injonction souveraine.

Pour préserver le citoyen de toute servitude traditionnelle et même volontaire, elle prohibe l’association, en néglige la force et en parait nier les bienfaits.

C’est là liberté de l’entente, concertée, qu’elle repousse au nom de la liberté menacée et des droits de l’homme méconnus !

Il faut voir là une conséquence de l’ardeur sans mesure, de la violence et de la passion jalouse avec laquelle, dès la première heure, les hommes de la Révolution ont voulu rompre avec un passé détesté. La réglementation tracassière de l’ancien régime n’avait pas seulement froissé des intérêts,