du monde. La France n’était plus menacée d’être ensevelie sous la cendre d’une religion morte, elle était redevenue maîtresse elle-même, elle pouvait marcher à ses destinées de libératrice et de justicière. Et elle n’avait vaincu que par cet enseignement primaire, tirant les humbles, les petits des campagnes, de leur ignorance d’esclaves, de l’imbécillité meurtrière où le catholicisme les maintenait depuis des siècles. Une parole exécrable avait osé dire : « Heureux les pauvres d’esprit ! » et la misère de deux mille ans était née de cette mortelle erreur. La légende des bienfaits de l’ignorance apparaissait maintenant comme un long crime social. Pauvreté, saleté, iniquité, superstition, mensonge, tyrannie, la femme exploitée et méprisée, l’homme hébété et dompté, tous les maux physiques et moraux étaient les fruits de cette ignorance voulue, érigée en système de politique gouvernementale et de police divine. La connaissance seule devait tuer les dogmes menteurs, disperser ceux qui en vivaient, être la source des grandes richesses, aussi bien des moissons débordantes de la terre que de la floraison générale des esprits. Non ! le bonheur n’avait jamais été dans l’ignorance, il était dans la connaissance, qui allait changer l’affreux champ de la misère matérielle et morale en une vaste terre féconde, dont la culture, d’année en année, décuplerait les richesses.
Ainsi Marc, chargé d’ans et de gloire, avait eu la grande récompense de vivre assez pour voir son œuvre. Il n’est de justice que dans la vérité, il n’est de bonheur que dans la justice. Et, après la Famille enfantée, après la Cité fondée, la Nation se trouvait constituée, du jour où, par l’instruction intégrale de tous les citoyens, elle était devenue capable de vérité et de justice.