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chez eux, qui jouissaient enfin de la douceur et de la splendeur des choses. L’ancien gardien, Faustin, créature des derniers cléricaux, avait donc quitté le domaine, et on le voyait rôder au travers de Maillebois, très amer, très agressif, affectant surtout une grande colère contre sa sœur Colette, dont l’escapade, disait-il, le déshonorait.. On s’étonnait un peu de cette brusque séparation, car personne n’ignorait l’entente parfaite jusque-là de la sœur et du frère, les emprunts constants de celui-ci à celle-là, lorsqu’il la savait en fonds. Fallait-il croire à une brouille, à une exaspération de Faustin, furieux de voir Colette disparaître, juste au moment de sa mise à pied ? Ou bien jouait-il une comédie, toujours d’accord avec sa sœur, n’ignorant pas le lieu de sa retraite, travaillant dans l’ombre pour elle ? Ces points restaient en pleine nuit, mais la découverte des sœurs Landois, en attirant l’attention sur Faustin, ne venait pas moins de le jeter au grand jour, sous les yeux de tous, avec ses actes, ses paroles. Une semaine suffit, l’enquête fit des progrès considérables.

D’abord, le témoignage de Bongard se trouvait confirmé, plusieurs personnes maintenant se souvenaient de l’avoir rencontré, dans la Grand-Rue, l’air agité, se retournant, comme s’il avait voulu savoir ce qui se passait du côté de l’école ; et c’était bien lui, elles le reconnaissaient formellement. Ensuite, le briquet trouvé par Doloir semblait lui appartenir, des gens disaient le lui avoir vu entre les mains. Enfin, la conversation que Savin avait entendue, cette hypothèse d’un lien entre l’homme et Marsoullier se serait réalisée, dans le cas où Faustin et l’homme n’auraient fait qu’un, car le bedeau et l’ancien gardien de la Désirade se connaissaient intimement. Et c’était là le fait décisif, la piste à suivre, dans la certitude qu’elle devait mener à la pleine lumière. Marc, qui suivait l’enquête avec une attention passionnée, le