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— J’ai péché, j’ai péché, ô mon Dieu !… Et mes chefs ont péché, plus affreusement encore, ô mon Dieu ! en me donnant le mauvais exemple… Mais, ô mon Dieu ! puisque j’expie ici pour eux et pour moi, en disant tout, vous leur pardonnerez, dans votre infinie bonté, ô mon Dieu ! comme vous me pardonnerez à moi-même.

Il y eut dans la foule une houle profonde de révolte indignée. Des poings se levèrent, des voix crièrent vengeance, tandis que Gorgias poursuivait son récit, disait comment le père Crabot et le père Philibin ne l’avaient plus abandonné, liés à lui désormais par un lien de sang, comptant sur lui comme il comptait sur eux. C’était le pacte ancien que Marc avait soupçonné, Gorgias donné à l’Église, devenu l’ignorantin, l’enfant terrible de Dieu qui épouvantait et qui ravissait ses chefs par le magnifique esprit religieux qui brûlait dans sa chair coupable. Il eut un grand sanglot, il en arriva soudainement à son crime immonde.

— Ô mon Dieu ! le petit ange était là… C’est bien la vérité, je venais de reconduire l’autre élève, et je retraversais la place toute noire, quand j’ai aperçu le petit ange par la fenêtre ouverte, dans la chambre éclairée… Vous qui regardiez alors en moi, ô mon Dieu ! vous savez bien que je me suis approché sans intentions impures, simplement curieux et paternel, pour gronder l’enfant de laisser ainsi ouverte sa fenêtre. Et vous ne l’ignorez pas non plus, j’ai causé là un instant en bon ami, demandant à voir les images pieuses qui étaient sur la table, de belles images très saintes et très douces, encore embaumées de l’encens de la première communion… Mais pourquoi donc, ô mon Dieu ! avez-vous permis alors au diable de me tenter, pourquoi m’avez-vous abandonné au tentateur, qui m’a fait enjamber l’appui de la fenêtre, sous le prétexte de voir de plus près les saintes images, le cœur déjà palpitant, le sang peu à peu incendié de toutes les