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que l’on célébrerait, comme l’universelle source de force et de certitude. Ensuite, tous les jeux qu’on avait réunis là, des jeux d’adresse et d’énergie, des gymnases, des pistes et des pelouses, dans le jardin voisin, seraient livrés au petit peuple, qui s’y réunirait chaque semaine, tandis que des coins d’ombre seraient réservés aux femmes, aux épouses et aux mères, désormais rapprochées, égayées, ayant à elles un salon, un endroit de rencontre et d’amusement. Pour la cérémonie d’inauguration, on avait orné la salle de fleurs et de feuillage, et toute la population endimanchée de Jonville, dès le matin, emplit les rues de son allégresse.

Ce dimanche-là, Mignot, sur le désir de Marc, amena ses élèves du Moreux, avec le consentement des parents, pour qu’ils pussent prendre part à la fête. Puisque le même curé avait desservi jusque-là Jonville et le Moreux, la même salle de jeux et de danse pouvait bien servir aux deux pays. Et, justement, comme Mignot arrivait, Marc le rencontra devant l’église, dont la vieille Palmyre fermait violemment la porte de deux tours de clef terribles. Le matin, l’abbé Cognasse avait dit sa messe devant des bancs absolument vides ; et c’était lui qui, dans un accès de furieuse colère, venait de donner à sa servante l’ordre de barricader la maison de Dieu : personne n’y entrerait plus, puisque ce peuple impie allait sacrifier aux idoles de la bestialité humaine. Lui-même avait disparu, terré sans doute dans le presbytère, dont le jardin bordait la route qui menait à la maison commune. Il ne s’y trompait pas, on crachait sur le Sacré-Cœur, Jonville se libérait de ce nouveau culte, de cette incarnation nouvelle et dernière de Jésus.

— Vous savez, dit Mignot à Marc, que depuis deux dimanches il n’est pas venu au Moreux. Il prétend avec quelque raison qu’il n’a pas besoin de faire quatre kilomètres pour dire la messe devant deux pauvresses et