et votre fillette Thérèse. Ce serait la partie, la joie au grand complet… Allons, c’est entendu, tout le monde viendra ! À dimanche.
Il embrassa les deux jeunes femmes, il se hâta, voulant prendre le train de six heures. Mais il faillit le manquer, par suite d’une singulière rencontre qui le retint un instant. Il tournait le coin de la Grand-Rue, pour suivre l’avenue de la Gare, lorsqu’il aperçut deux individus, derrière un massif de fusains, causant avec violence. L’un d’eux, âgé d’environ quarante ans, le frappa par sa longue face blême et obtuse, aux sourcils pâles. Où donc avait-il connu ce visage de stupidité et de vice ? Brusquement il se souvint : c’était sûrement Polydor, le neveu de Pélagie. Depuis plus de vingt ans, il ne l’avait plus revu ; mais il savait que, chassé du couvent de Beaumont où il servait comme domestique, il menait maintenant une vie de hasard, tombé dans la crapule des quartiers louches. Polydor, ayant remarqué et reconnu sans doute ce passant qui le dévisageait, emmena aussitôt son compagnon ; et, comme Marc regardait alors ce dernier, il eut un sursaut de surprise. En redingote sale, l’air misérable et farouche, l’autre avait une face tourmentée de vieil oiseau de proie. Mais c’était le frère Gorgias ! Tout de suite, Marc se souvint de la rencontre que Delbos lui avait contée, et il voulut avoir une certitude, il s’efforça de rejoindre les deux hommes, qui s’étaient jetés dans une petite rue. Il la fouilla du regard, il n’y vit absolument personne, Polydor et l’autre avaient disparu, au fond d’une des maisons suspectes dont elle était bordée. Et il se mit à douter de nouveau, était-ce bien Gorgias ? il n’aurait pu l’affirmer, dans la crainte d’avoir cédé à une hantise.
À Jonville, maintenant, Marc triomphait. C’était là, comme partout, un lent progrès obtenu par la vérité, par l’instruction victorieuse de l’ignorance. Quelques années avaient suffi