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l’école avec des notes excellentes. Et il y avait encore Jules Doloir, devenu instituteur grâce à Marc, un des meilleurs élèves de Salvan, qui tenait l’école des Bordes avec sa femme, Juliette Hochard, sortie première de Fontenay, couple de santé, de raison et de joie, égayé par la présence d’un petit diable de quatre ans, Edmond, très savant pour son âge, sachant déjà ses lettres. Puis, c’était les deux Savin, les jumeaux, les fils du petit employé : Achille, autrefois sournois et menteur, placé plus tard chez un huissier, hébété comme son père par des années de bureau, marié à la sœur d’un de ses collègues, Virginie Deschamps, blonde maigre et insignifiante, dont il avait une délicieuse fille, Léontine, une des préférées de Mlle Mazeline, qui venait d’obtenir son certificat d’études à onze ans ; Philippe, longtemps sans place, rendu meilleur par une vie de continuelles luttes, aujourd’hui directeur d’une ferme modèle, resté garçon et associé avec son frère cadet Léon, le plus intelligent des trois, qui avait eu l’idée de se donner à la terre et d’épouser une paysanne, Rosalie Bonnin, dont le premier-né, Pierre, âgé de six ans, venait d’entrer dans la classe du bon Joulic. Et, chez les Savin, s’évoquait aussi le souvenir de leur fille Hortense, la perle de Mlle Rouzaire, si pieuse, qui, séduite, avait accouché à seize ans d’une fille, Charlotte, laquelle, après avoir été une des élèves les plus aimées de Mlle Mazeline, mariée plus tard à un marchand de bois, était récemment accouchée d’une fille encore, en laquelle sans doute s’achèverait la libération finale. Les générations succédaient ainsi aux générations, chacune s’acheminait vers plus de connaissance, plus de raison, plus de vérité et de justice, et c’était de cette évolution constante, par l’instruction, que serait fait le bonheur des peuples de demain.

Mais, surtout, Marc s’intéressait au ménage de sa Louise et de Joseph, ainsi qu’à celui de son plus cher