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On pourra peut-être arroser, avec celle-ci… Notre banc, oh ! notre banc, sous la vigne vierge ! Il faut nous y asseoir et nous y embrasser. Tous les jeunes baisers d’autrefois dans le bon baiser d’aujourd’hui !

Ils étaient attendris aux larmes, et ils restaient un moment entre les bras l’un de l’autre, dans le recommencement délicieux de leur bonheur. Un grand courage leur venait de ce milieu ami, où ils n’avaient pas laissé une larme. Chaque chose les y rapprochait et leur promettait la victoire.

Dès les premiers jours, une séparation s’était imposée, Louise avait dû partir pour l’École normale primaire de Fontenay, où elle se trouvait admise. Elle voulait être, par goût, par adoration de son père, simple institutrice, comme lui-même était simple instituteur de village. Et Marc et Geneviève, restés seuls avec le petit Clément, attristés malgré tout par ce départ, se serraient davantage l’un contre l’autre, pour ne pas trop sentir le vide brusque qui s’était fait. Clément d’ailleurs était là, les occupait, prenait une importance de petit homme, dont ils surveillaient avec tendresse l’éveil à la raison. D’ailleurs, Marc venait de décider Geneviève à se charger de l’école des filles, après avoir prié Salvan d’obtenir de Le Barazer qu’il voulût bien la nommer à ce poste. Geneviève, dès sa sortie du couvent, avait eu son brevet supérieur et son certificat d’aptitude pédagogique, et si, jadis, lors de la nomination de son mari à Jonville, elle-même n’avait pas pris l’école des filles, c’était que Mlle Mazeline la dirigeait. Mais aujourd’hui, l’avancement donné à Jauffre et à sa femme, ayant rendu libres les deux postes, il devenait préférable de confier les deux écoles au nouveau ménage, les garçons au mari, les filles à la femme, ce que l’administration préfère avec raison. Quant à Marc, il y voyait toutes sortes d’avantages, le désir d’une seule direction dans l’enseignement de la commune, la certitude