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il était donc déraisonnable d’attendre une victoire décisive, un de ces coups suprêmes qui réalisent toute l’espérance, tout le rêve d’une humanité fraternelle et juste.

D’ailleurs, il avait fini par se rendre compte du nouveau pas considérable fait sur cette route du progrès, si rude, si meurtrière. Dans la mêlée, sous les outrages, sous les blessures, on ne s’aperçoit pas toujours du terrain conquis. On se croit vaincu, et l’on a beaucoup marché, on se trouve rapproché du but. Si, à Rozan, la seconde condamnation de Simon avait paru une défaite affreuse, la victoire morale de ses défenseurs n’en était pas moins immense. Toutes sortes de biens se trouvaient acquis, un groupement des esprits libres et des cœurs généreux, un élargissement de la solidarité humaine, d’un bout à l’autre du monde, un ensemencement de vérité et de justice, qui pousseraient un jour, même si le bon grain devait germer dans le sillon pendant de longs hivers. À grand-peine, les castes réactionnaires avaient sauvé, pour un temps encore, la charpente pourrie du passé, à force de mensonges et de crimes. Mais elle n’en craquait pas moins de toutes parts, le terrible coup reçu venait de la fendre du haut en bas, et les coups de l’avenir l’achèveraient, l’abattraient en un tas d’ignobles décombres.

Aussi ne gardait-il plus que le regret de n’avoir pu tirer de cette prodigieuse affaire Simon la leçon de choses admirable, qui aurait enseigné le peuple, dans un éclat de foudre. Jamais un cas si complet, si décisif, ne se représenterait sans doute la complicité de tous les pouvoirs, de toutes les oppressions, se liguant pour écraser un pauvre homme, un innocent, dont l’innocence mettait en péril le pacte d’exploitation humaine signé entre les puissants de ce monde, le crime avéré du prêtre, du soldat, du magistrat, du ministre, entassant pour essayer encore de tromper le peuple, le plus extraordinaire amas d’infamies, tous pris en flagrant délit de mensonge et